noire, langue des vipères.

On remarque d'abord ses cheveux de feu, et puis l'on note son sourire engageant, ses iris bleues comme l'océan. Car il est vrai que Chance sourit presque en permanence, elle rit sans jamais s'en cacher, la tête en arrière rejetée comme ceux qui se savent regardés. On ne la trouve sérieuse que lorsqu'elle est décidée à porter son rôle ; qu'elle troque les robes ou tuniques colorées qu'elle aime à porter contre des tenues adaptées à sa situation. Capuche longue et vêtements sombres, qu'elle vient agrémenter d'un demi-masque mimant un crâne de corbeau. Lorsqu'elle doit incarner la Dame elle se prend au jeu, faisant de son mieux pour paraître inquiétante. Dans ces instants ses rires éclatants cèdent la place à des moues sybillines ou mauvaises, compensant par l'attitude sa silhouette menue et son visage engageant. Expressive et parfois trop spontanée, ses prunelles pâles se font souvent véritable accès à ses émotions, de même que ses pommettes se teintant de rouge à la moindre gêne ou contrariété. Si elle aime changer d'apparence comme d'identité elle quitte rarement la fine épée ceinte sur son côté droit, de même que l'ancien pendentif représentant une lune, qui vient orner la naissance de sa poitrine. Habile de ses doigts, elle n'en devient pas moins tremblante lorsqu'elle est mal à l'aise, serrant ses poings délicats et triturant ses mèches d'un roux brûlant.

Chance parle. Elle parle sans s'arrêter, pour ne rien dire autant que lancer des mots d'esprits. Lorsqu'elle est de bonne humeur elle parle, comme lorsqu'elle se trouve malheureuse. Elle ne manque jamais de mots pour se moquer et amuser ; pour condamner, injurier et rabaisser. Mal à l'aise ou boudeuse enfin elle se tait, préférant fusiller du regard en ces rares instants. Il n'y a que lorsqu'il s'agit d'affaires qu'elle ferme la bouche de son propre chef, faisant toujours passer le travail avant les babillages tout importants qu'ils puissent être. Jugée immature par la plupart des hommes de son organisation elle joue en toutes circonstances, usant de plaisanteries à outrance. Grande timide par ailleurs, elle se montre terriblement gênée face aux êtres trop puissants, aux hommes trop grands et séduisants. Ceux-là elle les observe de loin, priant en silence pour ne jamais avoir à les rencontrer. Se dissimulant derrière son costume de dame des murmures lorsque le courage vient à lui manquer. Cependant du reste du monde elle aime être remarquée, jugeant qu'être vue demeure le plus sûr moyen d'observer. Romantique et peu expérimentée elle regarde la gente masculine sans trop l'approcher, croyant sincèrement qu'il existe quelque part son prince charmant. Si elle aime ce qui brille et pourrait faire beaucoup pour de l'or elle croit aussi, vindicative, en ce qu'elle estime être juste, à l'aide d'une notion de bien et mal particulière et teintée de naïveté.